21/12/2015
Espagne : Rivera planté, nos médias sont navrés
Le señorito libéral devait "ringardiser" (sic) ses rivaux...
mais il arrive dernier :
Star du parti Ciudadanos, Albert Rivera faisait l'extase de nos radios et télés... Ce beau gosse avait tout pour lui : 36 ans, conseiller juridique d'une grande banque, libéral indexé sur la City, « citoyen du monde » affiché, très hostile aux langues populaires et aux revendications régionales (y compris chez lui en Catalogne), très hostile aux religions... Son programme était à peu près celui de M. Macron en France : remplacer le politique par l'esprit du management. Tout ça évidemment « ringardisait » – dixit France Info – les contradicteurs de M. Rivera. Bref, son parti devait tout bouffer puisque M. Rivera connaissait la finance et n'avait que 36 ans : ce qui apportait forcément aux Espagnols l'enthousiasme et l'optimisme.
Le mélange d'enthousiasme et d'optimisme se dit en espagnol « ilusión », notait cependant Libé. Dimanche soir, le parti qui devait arriver « premier ou deuxième » est arrivé quatrième et dernier avec seulement 38 sièges, aplati par le parti antilibéral Podemos (69 sièges), derrière les sociaux-libéraux du PSOE en grave recul (90 sièges) et les libéraux-libéraux du PP (123 sièges, en recul aussi). Nos journalistes découvrent que le sex-appeal ne remplace pas encore le politique. Ils en conçoivent de l'irritation : les faits sont ringards !
Pour nous, au contraire, un fait est réconfortant : la grande majorité des Espagnols n'ont pas été dupes du señorito.
Il faut aussi constater que plus de 20 % des électeurs espagnols ont voté Podemos : malgré l'échec de Syriza en Grèce, ce parti antilibéral a fait un bond dans l'opinion et entre en force au parlement. La chose est inexplicable aux yeux de nos experts, puisque « l'Espagne avait renoué avec la croissance » et qu'il n'y avait plus « que » 4,8 millions de chômeurs... Mais si l'on ôte les lunettes de la théorie libérale, on aperçoit la réalité : 2,2 millions d'Espagnols salariés sont en sous-emploi (ils sont trop qualifiés pour leur job et travaillent moins d'heures que souhaité) ; neuf emplois sur dix sont précaires, et, souligne le syndicaliste Candido Méndez*, « la réforme du travail** a rendu le marché si flexible que les employeurs se permettent des abus : à la moindre protestation d'un salarié, des centaines de gens sont prêts à le remplacer. » Témoignage d'une jeune fille travaillant dans un fast-food près de Madrid : « Après la fermeture, tard dans la nuit, tu dois laver pendant deux heures non rétribuées. J'ai fini par protester. On m'a licenciée. »***
Un résultat de cela est que des milliers de jeunes Espagnols ont quitté le pays. M. Rivera (le jeune « citoyen du monde ») doit en être content.
Un autre résultat est que des dizaines de milliers de jeunes Espagnols ont voté Podemos. M. Rivera en est moins content.
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* Libération, 21/12.
** sur directives bruxelloises.
*** Eldiario.es
11:33 Publié dans Europe, Politique | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : albert rivera, ciudadanos, podemos, espagne
Commentaires
SANS
> On nous l'a annoncé d'ailleurs : demain "la croissance sans emplois". Enthousiasme et optimisme ! (dans les salles de marchés).
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Écrit par : André Biguet / | 21/12/2015
ALLIANCES
> Très heureux que le Young Leader de Ciudadanos ait mordu la poussière.
Hélas, il va sans doute monnayer son soutien aux conservateurs du Parti populaire. A moins qu'il ne s'allie aux socialistes, tout aussi acquis au "big business".
PJ
[ PP à PJ - Dans la postdémocratie occidentale, moins vous avez d'électeurs et plus l'oligarchie vous fait confiance - si elle vous a bien en main. Cf l'éternel retour (fût-ce à géométrie variable) de Cécile Duflot. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Jova / | 21/12/2015
SORTIR DU GLOBAL
> Le résultat n'est pas si enthousiasmant que cela:
PP+PSOE+Cuiadanos= 64% des suffrages exprimés pour les partis plus ou moins libéraux.
Quant à Podemos, que veut-il vraiment? La choquante capitulation sans conditions de ce grec Syriza devant qui tant d'entre nous s'extasiaient, montre les limites d'une force politique qui n'accepte pas sortir de l'idéologie du global.
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Écrit par : Pierre Huet / | 22/12/2015
LE PAPE
> Et François Hollande, il espère bien redevenir président avec peut-être 15 /16 % des suffrage au premier tour (10% en retirant l'abstention et les votes blancs. 1 français sur 10 !!!! Et au second tour, bien entendu il espère terrasser la bête immonde. C'est ça la démocratie? Mais la colère monte et la colère est mauvaise conseillère, suivons plutôt notre pape et notre Eglise.
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Écrit par : Pascal Girard / | 22/12/2015
LE MOINS DEVIENT LE PLUS
> Malheureusement, quand aucune majorité ne se dessine c'est en général le moins représentatif qui devient le faiseur de roi... Et pèse politiquement bien plus qu'il ne pèse électoralement...
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Écrit par : Hubert Houliez / | 22/12/2015
EL VIEJO
Le Young leader Rivera est un enfant de choeur en comparaison du Viejo General Jose Julio Rodriguez, membre éminent de Podemos.
Un correspondante Facebook a déniché ceci:
http://pcfmanteslajolie.over-blog.com/2015/12/elections-espagne-2015-podemos-a-recrute-un-ancien-general-sur-ses-listes-et-pas-n-importe-lequel.html?utm_source=_ob_share&utm_medium=_ob_facebookpage&utm_campaign=_ob_share_auto
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Écrit par : Pierre Huet / | 23/12/2015
CONTRE PODEMOS
> Entre Ciutadanos et Podemos le renouveau espagnol est vraiment mal barré. J'ignorais toutes ces belles qualités du jeune Rivera mais finalement elles ne me surprennent pas tant le bain sociologique du personnage le conditionne.
Quant à Podemos, ce parti se signale par son dogmatisme fanatique, radicalement anti-catholique, hostile "par principe" à la royauté, pourtant réconciliatrice (mais le parti cherche visiblement à "rejouer" la guerre civile) et pour couronner le tout anti "aficion" taurine (quoi que pour des raisons électorales,ils la ramènent moins de ce côté là depuis le début de la campagne). Enfin des décisions et prises de position de plusieurs de leurs élus municipaux de l'an passé sont tout bonnement scandaleuses. Non,Podemos n'est pas Syriza !
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Écrit par : Girondin / | 23/12/2015
NOMS DE RUES
> "Des décisions et prises de position de plusieurs de leurs élus municipaux de l'an passé sont tout bonnement scandaleuses". Par exemple ? Débaptiser trente rues de Madrid qui portaient des noms d'assassins : Yagüe le boucher de Badajoz, Iglesias le bombardeur de civils réfugiés, Mola le factieux, etc, sans compter les chefs de pelotons d'exécution phalangistes qui tuaient encore en 1942 trois ans après la fin de la guerre civile ???
Cette décision de la plate-forme citoyenne Ahora Madrid soutenue par Podemos ne fait qu'appliquer la loi de 2007 ordonnant aux maires de retirer "les insignes, plaques, mentions commémoratives d'exaltation personnelle ou collective de la guerre civile et de la dictature".
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Écrit par : Nati / | 24/12/2015
FIESTA
> Ah oui bien, ça, la Falange !
(revoir 'Fiesta' de Boutron, 1995...)
"Cara al sol, al sol que más calienta
sentado siempre en el café,
con mi barba de dos o tres semanas,
qué bien presumiré.
Tranquilito y bien alimentado,
formaré como un buen emboscado,
impasible el ademán,
viviendo al pelo como un sultán..."
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Écrit par : rumbalarum / | 24/12/2015
ON VA VOIR
> Le vieux libéral Rajoy va tt de mm installer le bébé libéral Rivera - lanterne rouge des élections - comme clé de voûte des Cortes. Un bel exemple pour faire des rêves de grandeur à Mme Duflot.
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Écrit par : bambam / | 24/12/2015
LIBÉRAUX ET NOUVELLES MOEURS
> Au moins ça a le mérite d'être clair, C's interdira les adhésions aux défenseurs pro-vida, aux opposants à l'euthanasie et à la laïcisation de la société. On est en parfaite cohérence avec le no tabou libéral.
http://www.actuall.com/vida/si-eres-provida-no-puedes-entrar-en-ciudadanos/
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Écrit par : secundum lucam / | 15/01/2016
SI SEULEMENT
> à Secundum Lucam - Si seulement ! Mais si les jeunes cathos espagnols sont aussi branques que les jeunes cathos français, ils vont aller chez Ciudadanos (parce que c'est libéral) en prétextant "c'est en y allant qu'on les fera évoluer". C'est ce qui s'est passé en France en 2014-2015 avec l'UMP.
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Écrit par : André Biguet / | 15/01/2016
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